Les élèves de première et terminale, spécialité et option arts‑danse à Paris !
Les 22 et 23 octobre, les élèves ont pu bénéficier d’un voyage pédagogique à Paris, dans cette « capitale du XIXème siècle » pour reprendre l’expression du philosophe Walter Benjamin. Paris est en effet la ville parfaite pour confronter les élèves face aux œuvres du siècle marqué à la fois par le romantisme, le réalisme, la recherche d’« un ailleurs » au moment même de l’avènement de la société industrielle.
La visite a débuté par la découverte des œuvres du Musée d’Orsay, cette ancienne gare devenue écrin où respire l’esthétique du XIXème siècle. Les élèves ont pu comparer l’évolution de la représentation des corps, entre ceux idéalisés de « La naissance de Vénus » de Bouguereau (peintre académique aimé de Napoléon III) aux corps plus animés de « La danse » de Carpeaux, ou plus réalistes de « La Petite Danseuse » de Degas. Les élèves ont aussi lu dans les peintures et sculptures, la chorégraphie des corps, du bal bourgeois aux guinguettes, la danse devenant alors un lieu de mélange social.
Le musée d’Orsay consacre également un espace à « Paris, capitale d’une nation moderne » où les élèves ont pu observer une maquette du quartier haussmannien et celle de la coupe longitudinale de l’opéra Garnier. Cette maquette dévoile la cage de scène et sa structure interne métallique, elle permet de visualiser comment les techniciens pouvaient manœuvrer des décors monumentaux et créer des effets de surprises illusionnistes grâce à la multitude de cintres et trappes souterraines. Les élèves ont pu apprécier ces effets le soir même en assistant à l’archétype des ballets romantiques « Giselle » de l’école française. En effet, ce ballet créé à Paris en 1841 est apprécié pour sa pureté du style qui s’oppose à l’excès d’expressivité (contrairement à l’école italienne).
L’expressivité pudique de l’héroïne sans virtuosité gratuite (contrairement à l’école russe), se fond dans la musicalité du mouvement, la poésie des lignes, l’esthétique de la mesure. D’après le livret de Théophile Gauthier et Jules‑Henri Vernoy de Saint‑Georges, les chorégraphes français Jean Coralli et Jules Perrot ont magnifié l’acte blanc en suspendant le temps « comme dans un rêve » grâce aux tutus diaphanes et aux danseuses sur pointes. Ces ballets blancs avaient faire frémir toute l’Europe à une époque où le théâtre était aussi le lieu de la vie mondaine. Les élèves ont pu constater que cette vie mondaine restait encore présente aujourd’hui quand elles ont monté le grand escalier de l’Opéra Garnier qui évoque par son architecture la naissance de Vénus grâce à l’alternance de ses marches incurvées simulant l’effet d’une vague. C’est en effet le lieu idéal pour se faire photographier en robe majestueuse …
Même si les élèves ont parfois regretté de ne pas avoir apporté la tenue de soirée parfaite pour prendre leurs selfies, elles ont pu aisément, grâce à des chaussures appropriées, monter les escaliers jusqu’au cinquième étage ! Elles ont découvert alors une vue privilégiée sur le plafond peint par Marc Chagall tant décrié dans les années 1960. Les élèves ont ainsi pu regarder de tout là-haut, le ballet interprété par la danseuse étoile Léonore Baulac comme un poème subtil. Giselle, cette œuvre fragile (qui a failli disparaître du répertoire), rappelle combien la mémoire chorégraphique se tient à un fil.
Le lendemain, le réveil pluvieux nous obligea à visiter le jardin du musée Rodin avec les parapluies pour partir sur les traces d’Isadora Duncan et Loïe Fuller ! En cette fin du XIXème siècle, Rodin était sensible aux innovations menées par la danse à travers ses rencontres avec les danseuses de l’époque, qui séjournèrent à l’Hôtel Biron choisi comme « demeure » posthume par celui qui savait saisir la vérité des mouvements du corps humain. A l’intérieur du musée, la lecture des corps charnels et sculpturaux permettait de comprendre comment le XIXème siècle oscillait aussi entre réalisme et expressivité (« pas de deux ailé » de Rodin, « la Valse » de Claudel) pour s’éloigner de l’académisme. Les élèves ont aussi pu relever la « forme chorégraphique » des « Bourgeois de calais » en remarquant l’emplacement judicieux et longuement réfléchi de chaque sculpture. Le séjour à Paris se termina par la visite de Montmartre pour replacer les différentes formes de danse dans leur contexte social et historique du XIXème siècle.
Nous avons suivi les pas du peintre Renoir qui portait chaque jour sa toile de son atelier pour aller peindre « en live » le fameux bal du « Moulin de la galette ». Cette toile que nous avions pu observer la veille au musée d’Orsay résonnait encore dans nos esprits. Cette guinguette attirait de nombreux Parisiens de l’époque, comme celle du « Lapin Agile » que nous avons pu apercevoir aussi.
Pour clôturer les 22 kms de marche réalisées en deux jours, nous avons pu savourer la vue sur Paris éclairée par un rayon de soleil réconfortant depuis la basilique du Sacré cœur.