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Génocide et exploitation des ressources à l’Est du Congo

Par Darvy Kitty WA DIOMONA, publié le mercredi 24 janvier 2024 17:13 - Mis à jour le jeudi 25 janvier 2024 16:17
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Examinons le génocide qui dure près de 30 ans à l'Est du Congo-Kinshasa situé au Nord-Kivu et au Sud-Kivu.

La RDC (République Démocratique Du Congo) aussi connue sous le nom de Congo-Kinshasa (pour le distinguer du Congo-Brazzaville)  est le troisième pays le plus peuplé d’Afrique et le deuxième plus vaste d’Afrique. La RDC a une superficie de 2.344.860 km² et une longueur totale de côtes de 37 km. Cette masse terrestre correspond à environ 4,3 fois la taille de la France. La nature a béni le pays de la RDC par des richesse tels que  le coltan,les diamants, le cuivre, les grandes forêts, l’énergie hydroélectrique,du cobalt, des rubis et des pierres semi-précieuses, mais aussi des bois tropicaux, de la viande, du thé, de la quinine et de la papaïne. Ces derniers constituent des ressources d’appoint face au coltan, à la cassitérite (minerai d’oxyde d’étain) et à l’or qui dominent l’économie frauduleuse militarisée… Mais malheureusement la colonisation belge des années 1867-1885 et les pouvoirs qui se sont succédé depuis l’indépendance (1960) ont gaspillé ces ressources, qui ont enrichi les seuls gouvernants et leurs alliés étrangers. Ces richesses sont la source d’un conflit plus meurtrier que la Seconde Guerre mondiale. De ce fait, examinons, ce génocide qui dure près de 30 ans à l'Est du Congo-Kinshasa situé au Nord-Kivu et au Sud-Kivu.

Des minerais extrait dans le sang 

La RDC est l'un des pays les plus riches du monde en sol et sous-sol. Depuis des années, les rapports du Groupe d'Experts de l'ONU dénoncent le trafic illégal de ressources du Congo vers des pays voisins, notamment le Rwanda et l'Ouganda. A titre d'exemple, dans son rapport de mi-parcours daté de Décembre 2020, le groupe d'experts de l'ONU a indiqué que des réseaux criminels ont été impliqués dans le trafic de l'étain, du coltan et tungstène provenant de sites miniers sous occupation de groupes armés. Les minerais sont extraits par des hommes et des enfants qui creusent le sol avec des outils rudimentaires, et risquent leur vie sous terre pour une poignée de dollars. Puis sont exportés, souvent clandestinement pour éviter les lois et les taxes. Traités par des fonderies et achetés, les yeux fermés, en Europe, en Asie et aux Etats-Unis par l’industrie électronique. La corruption et une pression incessante pour écraser les coûts. Le Congo, qui recèle 80% de ces minerais vitaux à l’industrie, est l’objet d’une convoitise sans limite.Des citoyens congolais et des chercheurs soupçonnent le Rwanda d'encourager l'instabilité dans cette zone géographique pour affaiblir la capacité du gouvernement congolais et contrôler le trafic des ressources naturelles (minerais, faune et flore).Le Rwanda a toujours rejeté ces accusations et réaffirmé son engagement aux mécanismes régionaux de lutte contre l'exploitation illégale des ressources naturelles.

Voici des vidéo de la dangerosité du travail dans la minerais :

 

L'hypocrisie du gouvernement

Félix Tshisekedi (président de la RDC) et Paul Kagame (président du Rwanda) ont tenté d’oublier leur différend. Au grand préjudice de l’opinion publique congolaise, qui reproche parfois à « Fatshi » d’être trop gentil avec le maître de Kigali. Juin 2021, le président de RDC avait invité Paul Kagame pour une visite diplomatique, à la suite de laquelle plusieurs accords complémentarité de la chaîne d‘exploitation de l’or au Congo ont été signés entre les deux pays.

Cela veut dire que l'or exploité dans l'Est de la RDC pourra être raffinée au Rwanda suivant un circuit officiel. Il s'agit pour les deux pays de “couper” aux groupes armés l'une de leurs sources de financement, sachant les événements qui se déroulent au Nord-Kivu et au Sud-Kivu Félix Tshisekedi a pris un grand risque d’agir de la sorte. Mais les tensions s'accroît entre les deux pays à la suite de nouveaux affrontements entre les rebelles M23, et l'armée congolaise qui ont déplacé des dizaines de milliers de personnes à l'est du Congo. Le président congolais Félix Tshisekedi leur a fait écho le 18 juin 2022 devant son conseil des ministres en déclarant que la RDC fait face à "une agression de la part du Rwanda, agissant sous couvert du M23." Le Rwanda et le M23 rejettent ces accusations.

Macron rentre en scène

( conférence de presse mouvementée entre Macron et Tshisekedi )

Samedi 4 mars 2023, Emmanuel Macron et Félix Tshisekedi ont donné une conférence de presse commune à Kinshasa. Les deux dirigeants sont revenus sur le conflit à l'est de la RDC qui oppose les rebelles du M23 à l'armée congolaise. 

Mais où sont les médias ?

La guerre de l’Est du Congo est sous-médiatisé, il y a une  première raison, qui est que les “informations ont dû mal à fuiter” mais surtout il y a une lassitude des médias comme le dit Paul Lorgerie “ C’est l’Afrique, c’est loin. Les conflits y sont réguliers. Je pense qu’il y a une certaine lassitude des médias”. Mais nous soupçonnons cette sous-médiatisation à un accord de confort pour certains pays. Car oui les minerais extrait du sol congolais sont utilisés pour les appareils électroniques tels qu' Apple ou Samsung. Mais cette sous-médiatisation peut faire passer comme message «un esprit de non emphatique  » à l'égard du Congo 

Pas de Congo pas de smartphone ( #Nocongonophone )

Le #Nocongonophone a fait parlé de lui sur les réseaux tel X (Twitter) ( en 2022 la fac de Science Po Lyon a organisé une conférence le mardi 19 avril pour dénoncer ce qui se passe là-bas ). Des marques internationales comme Apple et Samsung refusent de nous dire que plus de 35000 enfants congolais travaillent au sein de leurs chaînes d'approvisionnement en cobalt sous le sol congolais. Il est de leur responsabilité de vérifier leurs chaînes d'approvisionnement et d'agir en cas de travail des enfants qui est illégale. Nous sommes tous d'accord pour dire que nos téléphones sont Indispensables, mais nous ne pouvons pas pour autant dire que leurs vies ne valent rien à côté de nos smartphone. 

La situation au Rwanda

1994 eut lieu le génocide des Tutsis au Rwanda, les régions du Sud-Kivu, du Nord-Kivu ainsi que de l’Ituri, territoires frontaliers du Rwanda, n’ont pas connu de paix durable. Les causes de ce génocide furent multiples: outre l'accumulation de haines entre les communautés Hutu et Tutsi au fil des années et l'enchaînement des événements déclencheurs, d'autres causes ou responsabilités, intérieures ou extérieures, ont été évoquées par les différentes commissions d'enquêtes. Depuis 2010, l’exportation de minerais congolais est devenue la première source de rentrées de devises du Rwanda, Dans un rapport publié en 2022, l’ONG américaine Global Witness notait ainsi que “les minerais congolais, y compris ceux contribuant aux conflits, continuent d’être introduits frauduleusement au Rwanda et d’être exportés comme minerais rwandais”. Entre janvier et novembre 2022, le secteur minier a représenté près de 40 % de toutes les recettes d’exportation du Rwanda (1,76 milliard $).

Le Rwanda, acteur du génocide 

Le Projet Mapping

Le rapport de Mapping de l'ONU a été élaboré par le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme et décrit les violations les plus graves des droits humains et du droit international humanitaire commises en RDC entre mars 1993 et juin 2003. Il s'agit d'un document dense et détaillé, basé sur des recherches extensives et rigoureuses effectuées par une équipe d'une vingtaine de professionnels congolais et internationaux en matière de droits humains sur une période de 12 mois. Le rapport examine 617 des incidents les plus graves survenus dans tout le Congo sur une période de 10 ans et fournit des détails sur des cas graves de massacres, de violence sexuelle et d'attaques contre des enfants, ainsi que d'autres exactions commises par une série d'acteurs armés, notamment des armées étrangères, des groupes rebelles et des forces du gouvernement congolais.

Selon ce rapport, certains actes «pourraient être qualifiés de génocide», ce qui provoque la fureur du gouvernement rwandais.Selon les Nations unies, les attaques des forces rwandaises «apparemment systématiques» contre des réfugié·e·s et des civil·e·s hutu en RDC «pourraient être qualifiées de génocide» si elles étaient prouvées par un tribunal compétent, ce qui a déclenché la fureur du gouvernement rwandais.Selon les autorités rwandaises, les preuves exposées dans le rapport ne sont pas suffisantes pour pouvoir parler de «génocide». Les autorités rwandaises ont accusé les auteurs du rapport de chercher à valider la «théorie du double génocide» selon Wikipedia “La théorie du double génocide cherche à établir les responsabilités de l'actuel président du Rwanda dans un génocide des Hutu qui aurait eu lieu au Zaïre/RDC de 1996 à 2003 et même sa responsabilité dans le génocide des Tutsi”. En réalité, le Rwanda est l’acteur du génocide au Congo, c'est lui qui alimente l”armement du M23.

Le M23

Le mouvement du 23 mars , également appelé M23, est un groupe créé à la suite de la guerre du Kivu pour protéger les Tutsis du Congo. Il est composé d'ex-rebelles du CNDP (Le Congrès national pour la défense du peuple) réintégrés dans l'armée congolaise à la suite d'un accord de paix signé le 23 mars 2009 avec Kinshasa. Ils se sont ensuite rebellés en avril 2012. Les atrocités de la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda situé à Goma. Le groupe armé M23 soutenu par le Rwanda a procédé à des exécutions colossale et au recrutement forcé de civils (d’enfants et pré-adolescents) dans l'est de la République démocratique du Congo, l'armée congolaise avait accusé le Rwanda et le M23 de planifier une attaque sur Goma, ville de plus d'un million d'habitants bordée par le lac Kivu et adossée à la frontière rwandaise.

Témoignage des violences de Guerre

« Ça fait mal au cœur, on tue nos familles et nos frères et sœurs, ils sont tués, sont massacrés comme des animaux, les autres sont coupés par des machettes, même avec la hache, ça fait peur, vraiment, c'est pour ça que l'on a fui la RDC pour s'établir ici en Ouganda, nous voulons seulement la paix, pas la guerre ; cette fois-ci, les gens sont tués vraiment bêtement, ça devient l'abattoir des hommes. »

« Les assaillants, lorsqu'ils arrivent, tuent des femmes. Il y a des femmes qui sont violées après les avoir violées, ils les tuent. Il y a des femmes enceintes après avoir fait sortir le fœtus. Ils tuent le bébé, puis aussi la femme… On n'a pas la protection de l'État congolais, que ce soit le gouvernement provincial, que ce soit le gouvernement central, il n'y a pas de secours. »

Témoignage de Fatouma qui a été violée à deux reprises par plusieurs hommes, la première fois par des membres d'un groupe armé qui s'appelait auparavant le NDC (Nduma Defense Of Congo), mais on les appelait aussi les rebelles Sheka parce que leur chef s'appelait Sheka. Et elle a été violée une deuxième fois par les soldats de l'armée congolaise, le FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo) qui sont régulièrement accusés de violence sexuelle à l’est du pays. 

Voici son témoignage;

« En 2010, j'ai été violée par les rebelles Sheka, les rebelles qui s'appelaient au nom de Sheka. J'ai été violée même en présence de mon fils. Jusqu'à présent, il ne veut pas rester avec moi, même deux ou trois jours… Car il se rappelle ce qu'il s'est passé là-bas… C'est trop dur pour  lui. Je préférerais rester avec lui, mais je ne sais pas comment je peux le retrouver. Les femmes, elles, vivent une vie difficile, puisque chaque fois, on viole les femmes par les hommes en uniforme et par les soldats du gouvernement. Il y a de l'impunité. Quand on vient de nous violer, vous venez mettre le problème en justice. Après quelques jours, on le laisse. Il retourne encore, il vient vous violer. »

Docteur Denis Mukwege, gynécologue qui a soigner Fatouma lui aussi témoigne de la gravite de la situation ; « Violer c’est tres grave, alors pourquoi voiler une femme à douze… Les femmes qui étaient violées et qui ont eu besoin de nous, que ce soit du Nord-kivu ou du Sud-kivu on sut trouvées un refuge… le viol qu'elles subissent, ce sont souvent des violes avec extrême violence, elles sont humiliées devant leurs maris, devant leurs enfants, elles sont humiliées devant leur communauté, ce sont des femmes que l'on promène nues, qu'on laisse nues pendant des heures, des jours parfois, et je crois qu’il y a des femmes qui sont même attachés durant des jours. Cette violence qu'on impose aux femmes laisse des traces psychologiques assez profondes et lorsqu’elle arrive ici, soit elle passe l’aspect médical ou chirurgical, mais on considère également l’aspect psychologique qui est très important puisque l’objectif est de restaurer leur dignité… Parfois, elle arrive sans vêtements : il faut leur donner la moindre dignité, les habiller… Parfois, quand elles parlent, elles disent : “Quand on m’a violée, on m’a tuée. Quand on m’a violée, je ne me sens plus comme femme, je ne me sens plus comme un humain.”» Le ministère de la santé congolais recense quant à lui plus de 30 000 cas de violences sexuelles commis, soit 50 cas de viole par jour.

 

Sources :

https://information.tv5monde.com/afrique/rd-congo-fin-de-la-visite-demmanuel-macron-un-cessez-le-feu-envisage-entre-le-m23-et-larmee

https://www.radiofrance.fr/mouv/pourquoi-les-medias-ne-parlent-pas-de-la-guerre-au-congo-rdc-9938887

https://www.ohchr.org/sites/default/files/Documents/Countries/CD/Fiche1_projet_mapping_FINAL.pdf

https://information.tv5monde.com/afrique/rd-congo-quels-sont-les-veritables-objectifs-des-rebelles-du-m23-1855579

Source des témoignages : https://youtu.be/63ShC-4aCmM?si=RhSRy3yrYNB7i1vl

https://x.com/leonkibondo/status/1726834422232891806?s=46

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